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Lutte contre les épidémies: Boîte à outils
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NOTIONS CLÉS À L’USAGE DES RESPONSABLES DES INTERVENTIONS EN CAS D’ÉPIDÉMIE

Pour soutenir ou organiser la riposte à une épidémie, il est important de comprendre les concepts de base de l'épidémiologie. Cette section comprend une liste des principes de base et indique comment ou pourquoi certaines terminologies ou certains calculs doivent être utilisés pour guider la prévention et la riposte aux épidémies.

Notions clés utilisées dans les fiches maladies

Dans les fiches maladies disponibles sur le site Web consacré à la lutte contre les épidémies à l’usage des responsables des interventions, vous trouverez fréquemment les termes répertoriés ci-dessous. Ceux-ci et d’autres notions clés de santé publique sont expliqués en détail dans la rubrique suivante. (2. Notions clés de santé publique).

Définition de cas

La définition de cas est un ensemble de critères uniformes utilisés pour définir une maladie qui exige une surveillance sanitaire. Elle permet aux responsables de la santé publique de classer les cas et de les comptabiliser de manière homogène. Les définitions des cas sont utilisées uniquement à des fins de surveillance, le diagnostic clinique et le traitement pouvant reposer sur d’autres critères. Durant une épidémie, il importe de revoir les définitions des cas utilisées pour la surveillance systématique et au besoin de les modifier, compte tenu de l’épidémie en cause et du contexte. A noter que celles-ci peuvent changer lors d'une épidémie et qu'il est important de se tenir aux définitions de cas établies par le ministère de la santé. Les définitions de cas peuvent porter sur les cas présumés, les cas probables et les cas confirmés, mais il peut aussi s’agir de définitions cliniques, épidémiologiques ou biologiques.

Seuil d’alerte ou seuil épidémique

Un seuil d'alerte est le nombre prédéfini d'alertes qui suggèrent le début d'un éventuel foyer de maladie et justifient donc une notification immédiate. Chaque alerte doit être triée, vérifiée, évaluée en fonction des risques et jugée comme nécessitant une éventuelle intervention.

Le seuil épidémique est le nombre minimum de cas qui indique le début d’une flambée d’une maladie donnée. Il existe des seuils épidémiques spécifiques et non spécifiques pour différentes maladies :

Seuils spécifiques : le signalement d’un seul cas peut être le signe d’une flambée, par exemple de rougeole, de choléra, de Shigella, de fièvre jaune ou de fièvre hémorragique virale.

Seuils non spécifiques : un nombre de cas supérieur à celui escompté dans une population, en un lieu et à une période donnée de l’année peut être le signe d’une flambée épidémique. À titre d’exemple, il n’y a pas de seuil spécifique indiquant une flambée de paludisme.

Bien qu'il existe des signaux reconnus au niveau international qui constituent une "alerte" dans certains contextes, il n'y a pas de critères établis au niveau mondial et les seuils doivent être adaptés en fonction du pays et de son contexte. Par conséquent, ce site web ne propose aucun seuil, et les responsables sont encouragés à vérifier auprès des autorités sanitaires nationales quel est le seuil reconnu au niveau national pour une maladie spécifique.

Taux d’attaque

Risque de contracter une maladie à une période donnée (par exemple, au cours d’une flambée épidémique). Ce taux peut aussi être exprimé sous la forme d’un taux d’attaque par âge ou par sexe, ce qui permet de savoir quelles sont les personnes les plus exposées.

Taux d'attaque global

Un taux d'attaque secondaire est parfois calculé pour documenter la différence entre la transmission de la maladie au sein de la communauté et la transmission de la maladie dans un ménage ou dans une autre population close.

Taux d'attaque secondaire

 

Agent infectieux

Les agents infectieux comprennent les bactéries, les virus, les champignons, les prions et les parasites. Une maladie causée par un agent infectieux ou ses toxines est une maladie infectieuse. L’infection survient lorsque l’agent infectieux pénètre dans l’individu hôte et se réplique, ou que certaines phases de son cycle de vie se répliquent. 

Vecteur

Les vecteurs sont des organismes vivants qui peuvent transmettre des agents infectieux entre humains ou d'animaux à humains (moustiques, puces, tiques, triatomes, etc.).

Réservoir/hôte

Un réservoir d’infection est un organisme vivant ou autre support dans lequel ou sur lequel un agent infectieux vit et/ou se multiplie. Les réservoirs peuvent être des êtres humains, des animaux et l’environnement. Les réservoirs humains peuvent présenter ou non des signes de maladie. Le réservoir peut constituer la source à partir de laquelle l’agent infectieux est transmis à un hôte réceptif, mais ce n’est pas nécessairement le cas.  

Un hôte réceptif est une personne qui est susceptible d’être contaminée. Le degré de réceptivité dépend de l’âge, du sexe, de l’appartenance ethnique et de facteurs génétiques. Il dépend aussi d’autres facteurs qui influent sur l’aptitude de l’individu à résister à l’infection, ou qui limitent le risque que celui-ci ne développe une infection.

Une zoonose ou une maladie zoonotique est une maladie infectieuse qui est passée d'un animal non humain à l'homme.

Propagation de la maladie (modes de transmission)

La catégorisation des modes de transmission varie selon le type de l’organisme. De plus, certains agents infectieux peuvent être transmis par plus d’un mode. La liste suivante est destinée à servir de guide pour mieux comprendre les maladies présentées sur ce site web.

  •  Propagation par voie aérienne : Il s'agit de la transmission d'agents infectieux par des "noyaux de gouttelettes". Contrairement aux gouttelettes qui tombent sur le sol sur une courte distance, les noyaux de gouttelettes peuvent rester en suspension dans l'air pendant une plus longue durée et peuvent être soufflés sur de longues distances. Les noyaux de gouttelettes peuvent être inhalés.
  • Propagation par gouttelettes : Il s'agit de la propagation des aérosols produits par la toux, les éternuements ou la parole. Une fois expulsées, les goutelettes parcourent de courtes distances et ont tendance à tomber rapidement sur le sol ou sur des surfaces proches. Elles peuvent également être transmises à la main d'une personne qui peut se frotter les yeux, le nez ou la bouche.
  • Transmission par contact : Contact direct par contact de peau à peau ou par contact avec des fluides corporels. Cela comprend :

o La transmission sexuelle

La transmission congénitale : C'est-à-dire la transmission verticale d'une mère à son nouveau-né in utero ou pendant l'accouchement .

  • Transmission fécale-orale : C'est la transmission d'agents pathogènes de particules fécales d'une personne à la bouche d'une autre personne, par la consommation d'aliments ou d'eau contaminés.
  • Transmission par vecteur : Désigne la transmission par des animaux ou des insectes porteurs d'un agent infectieux. Les vecteurs sont des organismes vivants qui transmettent les agents pathogènes d'homme à homme ou d'animal à homme.
  • Transmission par un véhicule commun (source contaminée) : Désigne la transmission indirecte d'un agent infectieux par des objets inanimés tels que l'eau, le sang, le sol ou les fomites sur des objets tels que la literie.
Période d’incubation

On appelle période d’incubation l’intervalle entre l’infection et l’apparition des symptômes. Elle se compose d’un certain nombre de jours qui peut varier d’une maladie à l’autre.

Période de latence

La période de latence (également appelée temps de latence ou infection latente) est l’intervalle entre le moment où un individu ou un hôte est infecté par un agent pathogène et le moment où il ou elle devient contagieux, c’est-à-dire le moment où il peut transmettre ledit agent à d’autres individus réceptifs.

Période de contagion

La période de contagion est la période pendant laquelle une personne contaminée peut transmettre l’infection à d’autres personnes réceptives. Elle varie selon les maladies et peut comprendre la période d’incubation, la phase clinique de la maladie et la phase de rémission. Durant cette période, les mesures visant à prévenir et enrayer la maladie consistent à limiter l’exposition à la source au moyen d’un équipement de protection individuelle et d’autres mesures telles que la quarantaine et l’isolement. 

Vaccin ou traitement

Ce site Web comprend une section consacrée aux vaccins et aux traitements disponibles pour chacun des outils de lutte contre les maladies. Il convient de noter que l'objectif n'est pas de fournir des conseils sur la gestion clinique des maladies. Il vise plutôt à fournir des informations aux gestionnaires de la réponse sur les stratégies de base existantes en matière de vaccins et de traitements.

Les professionnels de santé doivent se référer aux directives locales ou internationales appropriées pour la prise en charge clinique. Toute prise en charge clinique, y compris l'administration d'un traitement ou d'un vaccin, doit être effectuée par un professionnel de santé.

Immunité

Le préalable à l’infection est la présence d’un hôte réceptif. En théorie, si l’ensemble de la population est immunisée contre une infection grâce à la vaccination, la maladie devrait être éradiquée. Cela étant, les nourrissons restent réceptifs, la vaccination est contre-indiquée chez certaines personnes et les vaccins ne sont pas efficaces à 100 %. À titre d’exemple, une dose de vaccin contre la rougeole a une efficacité de 93 %.

Pour autant, moins la proportion d’hôtes réceptifs est importante, moins il y a de risque d’infection. C’est ce qu’on appelle l’immunité collective. Le principe est le suivant : une proportion très élevée d’individus d’une même population est immunisée, de sorte que l’agent infectieux a très peu de chances de « trouver » un hôte réceptif. En d’autres termes, les personnes qui sont immunisées « protègent » celles qui ne le sont pas, par exemple, les individus pour lesquels la vaccination est contre-indiquée.

Il existe deux types d’immunité :

  • L’immunité active qui s’instaure lorsque l’exposition à un agent amène le système immunitaire à produire des anticorps contre la maladie. Il peut s’agir d’une immunité naturelle (due à l’infection) ou vaccinale (qui résulte de la vaccination).
  • L’immunité passive, elle, s’instaure lorsqu’un individu reçoit des anticorps contre une maladie au lieu de les produire grâce à son système immunitaire. Elle peut elle aussi être naturelle (la mère transmet son immunité à son enfant à travers le placenta). Un individu peut aussi développer une immunité passive grâce à des produits sanguins contenant des anticorps comme l’immunoglobuline.
Interventions possibles

Chaque outil de lutte contre les maladies de ce site Web comprend une liste d'activités proposées et conçues pour que les volontaires du CRCR puissent y prendre part dans leurs communautés, en réponse aux crises et aux épidémies. Il convient de noter que les activités proposées ne constituent pas une liste exhaustive de toutes les activités de prévention et de contrôle de maladies spécifiques. Il est important de noter que les activités proposées sont conçues pour être menées dans les communautés et en dehors des milieux cliniques ; par conséquent, les interventions proposées excluent les activités de gestion clinique.

Notions clés de santé publique

L’épidémiologie est l’étude de la distribution des maladies et des facteurs connexes déterminants (facteurs de risques, symptômes, etc.) et l’application de cette étude à la lutte contre les maladies et autres affections. Elle nous renseigne sur la transmission des maladies (sujets, lieu, période, modalités).

Comment les maladies transmissibles se propagent-elles ?

transmission chain FR

Une maladie causée par un agent infectieux ou ses toxines est une maladie infectieuse. L’infection survient lorsque l’agent infectieux pénètre dans l’individu hôte et se réplique, ou que certaines phases de son cycle de vie se répliquent.

La transmission d’une maladie infectieuse répond à une chaîne de six éléments, également appelée chaîne de contagion, qui sont nécessaires pour que l’infection se produise et que l’individu développe la maladie. La suppression d’un seul des maillons de la chaîne suffit à enrayer la transmission de la maladie. C’est sur ce principe fondamental que reposent la prévention et la lutte contre les épidémies. 

Pour certains agents infectieux, il existe des mesures efficaces qui permettent de briser la chaîne de transmission à plusieurs stades. La fièvre jaune en est un bon exemple, les hôtes réceptifs pouvant être protégés par la vaccination. Par ailleurs, les méthodes de lutte contre les vecteurs, comme l’utilisation d’écrans protecteurs et autres dispositifs de protection personnelle contre les piqûres de moustiques, permettent de limiter le nombre de réservoirs et d’enrayer la transmission.

Pour d’autres, les mesures visant à supprimer tous les maillons de la chaîne sont moins efficaces. Par exemple, lorsqu’on ne connaît pas le réservoir ou lorsqu’il s’agit d’un animal, lorsque l’agent en cause peut être transporté par voie aérienne, ou lorsqu’il n’y a pas de vaccin. Le fait de connaître la chaîne de telle ou telle maladie permet de rompre le cycle de transmission. Aussi importe-t-il, pour chaque épidémie, de connaître et d’identifier tous les éléments ci-après.

1. L’agent infectieux. Qu’est-ce qui cause l’infection ?
infectious agent

 

Les agents infectieux comprennent les bactéries, les virus, les champignons, les prions et les parasites.

Il faut une dose infectante minimale pour qu’une infection se produise. Dans certains cas, quelques bactéries suffisent à causer une infection (par exemple dans le cas de Shigella), mais dans d’autres, il en faut des centaines de milliers, voire des millions (par exemple dans le cas de Vibrio cholerae).

2. Le réservoir. Où l’infection « se cache-t-elle » ou « vit-elle » ?
Reservoir icon

Un réservoir d’infection est un organisme vivant ou un support dans lequel ou sur lequel un agent infectieux vit et, en général, se multiplie. Les réservoirs comprennent les êtres humains, les animaux et l’environnement. Les réservoirs humains peuvent présenter ou non des signes de maladie.

Le réservoir peut constituer la source à partir de laquelle l’agent infectieux est transmis à un hôte réceptif, mais ce n’est pas nécessairement le cas. Par exemple :

  • Dans le cas de la rougeole, le réservoir est humain. Le virus se transmet directement d’une personne contaminée à un hôte réceptif.
  • Dans le cas de la fièvre de Lassa, ce sont des rongeurs qui constituent le réservoir. Le virus est présent dans leur urine et l'homme peut être contaminé en inhalant la poussière qui s’y trouve.  

Une zoonose ou maladie zoonotique est une maladie infectieuse qui est passée d'un animal à l'homme. Elle représente un problème de santé publique majeur dans le monde entier en raison d'une relation étroite avec les animaux dans l'agriculture, comme compagnons et dans l'environnement naturel.

Une personne qui a une infection asymptomatique (c’est-à-dire une personne qui est contaminée, mais qui ne présente pas de symptômes) et peut transmettre l’agent à d’autres personnes est appelée porteur. Les porteurs peuvent être :

  • Sains : il s’agit de personnes qui bien que contaminées ne développent aucun symptôme,
  • Convalescents : autrement dit, il s’agit de personnes qui sont guéries, mais qui restent susceptibles de transmettre la maladie,
  • Chroniques.
3. La porte de sortie. Comment l’infection quitte-t-elle l’hôte ?
Portal of exit

La porte de sortie est le chemin qu’emprunte l’agent infectieux pour quitter l’hôte. Elle correspond en général à l’endroit où se loge l’agent pathogène. Il peut s’agir des voies respiratoires (auquel cas l’agent infectieux se transmet par la toux, les éternuements, les baisers), du système génito-urinaire (auquel cas il se transmet par l’urine, le sperme, les sécrétions vaginales), du système gastro-intestinal (et dans ce cas, il se transmet par les selles), ou encore de la peau ou du placenta.

 

4. La transmission. Comment l’infection se propage-t-elle à d’autres personnes ?
Mode of transmission

Une maladie peut se propager de multiples façons. Aussi est-il essentiel de connaître la source d’infection et de savoir comment celle-ci se transmet pour pouvoir prévenir et enrayer les épidémies.

Dans un premier temps, l’agent infectieux quitte l’hôte (c’est ce qu’on appelle la sortie). Il existe de nombreux modes de transmission qui permettent aux maladies de se propager, notamment la toux, les éternuements et les baisers lorsque l’agent infectieux se loge dans les voies respiratoires, les urines, le sperme et les sécrétions vaginales, lorsqu’il se loge dans le système génito-urinaire, les selles, lorsqu’il se loge dans le système gastro-intestinal, mais celui-ci peut également passer à travers la peau et le placenta.

La transmission de l’agent infectieux du réservoir à un hôte réceptif peut être directe ou indirecte :

  • La transmission directe comprend le contact direct (peau à peau, baisers, rapports sexuels) et la propagation par gouttelettes (c’est-à-dire les aérosols que l’on produit en éternuant, en toussant ou en parlant). La source est une personne contaminée.
  • La transmission indirecte par voie aérienne (lorsque l’agent infectieux est véhiculé par la poussière ou est suspendu dans l’air), par véhicule commun (lorsque l’agent se trouve dans l’eau, les aliments, le sang et d’autres produits biologiques, ou sur des objets) ou par vecteur (lorsqu’il est transmis par des insectes). La source d’infection peut être l’individu, mais il peut aussi s’agir d’aliments contaminés, de vecteurs animaliers, ou de différentes substances se trouvant dans l’environnement, telles que l’eau.

 

5. La porte d’entrée. Comment l’infection pénètre-t-elle chez un nouvel hôte ?
Portal of entry

La porte d’entrée est la voie par laquelle un agent infectieux pénètre dans l’organisme d’un hôte réceptif. Il peut s’agir des voies respiratoires (inhalation de germes ou baisers), de la bouche (ingestion d’eau ou d’aliments), de la peau (piqûres d’insectes, lésions), des muqueuses (contact de mains sales avec les yeux), du sang (transfusion, partage d’aiguilles) et du placenta.

On trouvera dans le tableau ci-après des exemples de réservoirs, de portes d’entrée et de sortie, ainsi que des différents modes de transmission.

Exemples de réservoirs, de portes d’entrée et de sortie et des différents modes de transmission

Maladie (agent)

Réservoir

Porte de sortie

Mode de transmission

Porte d’entrée

choléra (Vibrio cholera)

être humain

système gastro-intestinal

eau

bouche

paludisme (Plasmodium)

être humain

moustiques

vecteurs (moustiques)

piqûres de moustiques

poliomyélite (poliovirus)

être humain

système gastro-intestinal

eau, contacts interpersonnels

bouche

syndrome pulmonaire à hantavirus (Hantavirus)

animaux (rongeurs)

système urinaire

voie aérienne

voies respiratoires

6. L’hôte réceptif. Chez qui l’infection provoquera-t-elle une maladie?
Susceptible host

Un hôte réceptif est une personne qui est susceptible d’être contaminée. Le degré de réceptivité dépend de l’âge, du sexe, de l’appartenance ethnique et de facteurs génétiques, ainsi que de l’immunité à l’agent infectieux en cause. Il dépend aussi d’autres facteurs qui influent sur l’aptitude de l’individu à résister à l’infection ou qui limitent le risque que celui-ci ne développe une infection. À titre d’exemple, l’hépatite A est généralement asymptomatique chez les enfants, mais peut être sévère chez les adultes. Inversement, ce sont principalement les enfants qui développent des formes graves de poliomyélite.

 

La période d’incubation

L’intervalle entre le moment où l’infection se produit et l’apparition des symptômes est appelée période d’incubation. Celle-ci se compose d’un certain nombre de jours qui peut varier d’une maladie à l’autre. La durée de la période d’incubation varie selon :

  • Le mode de transmission. Elle est relativement courte lorsque l’agent infectieux est véhiculé par les aliments, et plus longue lorsque celui-ci est véhiculé par l’eau ;
  • La porte d’entrée. Ainsi, la période d’incubation du tétanos et de la rage est plus réduite lorsque la plaie se trouve sur la tête ; et
  • L’immunité du récepteur.

Il est important de connaître la période d’incubation pour enrayer les épidémies. Cela permet d’identifier les personnes qui pourraient être contaminées, de déterminer où et quand mettre en place des mesures de lutte et de faire une estimation du nombre de personnes qui pourraient contracter la maladie.

La période de contagion est la période pendant laquelle une personne contaminée peut transmettre l’infection à d’autres personnes. Elle varie selon les maladies et peut comprendre la période d’incubation, la phase clinique de la maladie et la phase de rémission. Durant cette période, les mesures visant à prévenir et enrayer la maladie consistent à limiter l’exposition à la source au moyen d’un équipement de protection individuelle et d’autres mesures telles que la quarantaine et l’isolement.

L'immunité

Le préalable à l’infection est la présence d’un hôte réceptif. En théorie, si l’ensemble de la population est immunisée contre une infection grâce à la vaccination, la maladie devrait être éradiquée. Cela étant, les nourrissons restent réceptifs, la vaccination est contre-indiquée chez certaines personnes et les vaccins ne sont pas efficaces à 100 %. À titre d’exemple, une dose de vaccin contre la rougeole a une efficacité de 93 %.

Pour autant, moins la proportion d’hôtes réceptifs est importante, moins il y a de risque d’infection. C’est ce qu’on appelle l’immunité collective. Le principe est le suivant : une proportion très élevée d’individus d’une même population est immunisée, de sorte que l’agent infectieux a très peu de chances de « trouver » un hôte réceptif. En d’autres termes, les personnes qui sont immunisées « protègent » celles qui ne le sont pas, par exemple, les individus pour lesquels la vaccination est contre-indiquée.

Il existe deux types d’immunité :

  • L’immunité active qui s’instaure lorsque l’exposition à un agent amène le système immunitaire à produire des anticorps contre la maladie. Il peut s’agir d’une immunité naturelle (due à l’infection) ou vaccinale (qui résulte de la vaccination).
  • L’immunité passive, elle, s’instaure lorsqu’un individu reçoit des anticorps contre une maladie au lieu de les produire grâce à son système immunitaire. Elle peut elle aussi être naturelle (la mère transmet son immunité à son enfant à travers le placenta). Un individu peut aussi développer une immunité passive grâce à des produits sanguins contenant des anticorps comme l’immunoglobuline.

L’immunité passive assure une protection immédiate contre une maladie donnée, mais elle ne dure que quelques semaines à quelques mois. Inversement, l’immunité active met généralement plusieurs semaines à se développer, mais elle est beaucoup plus durable, et peut même être permanente pour certaines maladies.

Les vaccins sont des préparations biologiques qui améliorent l’immunité contre une maladie. Un vaccin contient généralement un agent proche du micro-organisme responsable de la maladie. Il est souvent fabriqué à partir d’une forme atténuée ou morte du microbe, de ses toxines ou d’une de ses protéines de surface. L’agent stimule le système immunitaire du corps, de façon que celui-ci le reconnaisse comme étranger, le détruise et le « mémorise » afin de le détruire s’il y est à nouveau confronté.

Parmi les nombreux vaccins disponibles dans le monde, un certain nombre font partie du schéma vaccinal ordinaire. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) émet des recommandations quant à la vaccination systématique après quoi chaque pays décide des vaccins à inclure dans les programmes nationaux de vaccination. Les autorités des pays se fondent généralement sur les priorités sanitaires nationales, la situation épidémiologique, les effectifs de personnel de santé disponibles, des questions logistiques (notamment les questions relatives à « la chaîne du froid ») et la viabilité financière pour établir ces programmes. Les recommandations de l’OMS sont accessibles à l’adresse suivante : https://www.who.int/immunization/policy/Immunization_routine_table1_FR.pdf?ua=1.

Outre la vaccination systématique, les vaccins peuvent être utilisés dans la lutte contre les épidémies, pour les voyages internationaux et pour certaines raisons épidémiologiques (pour les personnes exposées à un agent) ou cliniques (pour les personnes atteintes d’une maladie qui les rend particulièrement vulnérables à une autre maladie qui peut être évitée grâce à la vaccination).

La sécurité des vaccins est particulièrement importante car les manquements dans ce domaine peuvent être extrêmement dangereux pour la santé des individus et mettre en péril l’ensemble du programme vaccinal. Les effets secondaires des vaccins peuvent provenir du vaccin lui-même, mais aussi de pratiques vaccinales ne respectant pas les normes de sécurité.

La « chaîne du froid » des vaccins a pour but de préserver la qualité du produit entre le moment où il est fabriqué et celui où il est administré. Elle consiste à veiller à ce que les vaccins soient stockés et transportés dans le respect des amplitudes thermiques préconisées par l’OMS.

La surveillance
Qu’est-ce que la surveillance ?

Il est essentiel de détecter les nouvelles flambées suffisamment tôt et de comprendre où elles se trouvent et qui elles touchent pour prévenir la propagation de l’épidémie.

Dans le contexte des épidémies, a surveillance consiste à collecter en permanence et de manière systématique des données sur les maladies transmissibles, à les surveiller, les analyser et à les interpréter. Elle est nécessaire pour détecter les épidémies, réagir rapidement et de manière adéquate, et planifier, mettre en œuvre et évaluer l’action de santé publique. Les données de surveillance permettent de savoir quelles sont les personnes touchées et où la maladie est présente.

Les objectifs de la surveillance
  • La détection précoce, ce qui permet de mettre en place un système d’alerte précoce pour faire face aux éventuelles urgences sanitaires (flambées épidémiques) et contribue à une riposte rapide ;
  • Recueillir des données sur les effets d’une intervention (par exemple, la vaccination), ou suivre l’avancement de la réalisation d’objectifs donnés ; et
  • Suivre et affiner l’épidémiologie des maladies transmissibles, ce qui permet d’établir des priorités et d’orienter les politiques et stratégies de santé publique.

Liens utiles:

Français (cbsrc.org)

IFRC - Surveillance à base communautaire: principes directeurs

Les différents types de surveillance

Il existe différents types de surveillance, à savoir :

  • La surveillance basée sur des indicateurs (IBS), qui est la collecte, le suivi, l'analyse et l'interprétation systématiques de données structurées (indicateurs spécifiques à une maladie) produites par des établissements de santé ou d'autres sources bien identifiées (telles que des bénévoles formés ou des agents de santé communautaires).
  • La surveillance basée sur des événements (EBS), qui est la collecte organisée, le suivi, l'évaluation et l'interprétation d'informations principalement non structurées ou ad hoc concernant des dangers potentiels pour la santé publique, qui peuvent représenter un risque aigu pour la santé humaine. Elle n'inclut pas de données spécifiques aux maladies, mais peut être utilisée pour aider à identifier des maladies nouvellement émergentes ou réémergentes qui ne seraient pas incluses dans la surveillance traditionnelle. Il peut s'agir par exemple de la Surveillance à base communautaires, des lignes d'assistance téléphonique ou d'événements inhabituels au niveau de l'établissement.
  • La surveillance systématique ou passive, qui repose généralement sur la déclaration obligatoire de certaines maladies dans un système de santé, qui peut inclure des stratégies de surveillance par des établissement de santé et à base communautaire, et qui est souvent liée à des activités de santé en cours ou existantes. Elle fait partie intégrante de l'IBS.
  • La surveillance active, qui consiste à approfondir les recherches sur chaque cas signalé d’une maladie. Cette forme de surveillance exige généralement des déclarations négatives (autrement dit de signaler l’absence de cas répertoriés d’une maladie donnée), et peut inclure la recherche active de cas.
  • Une surveillance à base communautaire – est la détection et le signalement systématiques d'événements importants pour la santé publique au sein d'une communauté par les membres de celle-ci. Chez les membres de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, cela se fait par l'intermédiaire de volontaires qui sont formés pour reconnaître et signaler les risques sanitaires et les événements inhabituels afin que les communautés reçoivent le soutien dont elles ont besoin au bon moment et au bon endroit.
  • La surveillance sentinelle – il s’agit de la « surveillance d’un échantillon » où seul un groupe d'unités sélectionnées (par exemple, des agents de santé spécifiques ou des établissements de santé spécifiques) est impliqué dans la collecte d'un échantillon de données généralisables à la population.
  • La surveillance par les laboratoires.
  • L’approche « Une seule santé » est une approche collaborative et multisectorielle combinant la santé environnementale, animale et humaine pour obtenir de meilleurs résultats en matière de santé publique.
Qui assure la surveillance ?

La surveillance des maladies transmissibles est généralement organisée aux niveaux international, national et infranational. Les systèmes de surveillance relèvent des Ministères nationaux de la santé et des institutions de santé publique et autres centres de prévention et de lutte contre les maladies. Il importe de surveiller aussi bien les maladies humaines que les épizooties (maladies animales).

Le signalement est un élément important de la surveillance des maladies (syndromes, affections, facteurs de risque, agents, etc.). Les institutions de santé publique, les laboratoires et les professionnels de santé, autrement dit les « services de surveillance », signalent les cas aux autorités centrales ou intermédiaires. C’est là que l’information sur une maladie répertoriée est analysée et interprétée en vue de la santé humaine et animale. Les résultats de la surveillance permettent de déclencher des mesures sanitaires.

La définition des cas
Qu'est-ce-que la définition des cas?

La définition des cas est un ensemble de critères uniformes utilisés pour définir une maladie qui exige une surveillance sanitaire. Elle permet aux responsables de la santé publique de classer les cas et de les comptabiliser de manière homogène. Les définitions des cas peuvent être fondées sur les cas eux-mêmes ou sur le syndrome.

Les définitions fondées sur les cas sont généralement basées sur les données individuelles du patient et sur la confirmation épidémiologique ou biologique. Les définitions fondées sur le syndrome ont, quant à elles, pour vocation principale de détecter rapidement les foyers d’une maladie, avant que les diagnostics ne soient confirmés et signalés aux agences de santé publique. Cela permet de mettre en place une intervention rapide, et donc de réduire la morbidité et la mortalité.

Les définitions des cas sont utilisées uniquement à des fins de surveillance, le diagnostic clinique et le traitement pouvant reposer sur d’autres critères. Durant une épidémie, il importe de revoir les définitions des cas utilisées pour la surveillance systématique et au besoin de les modifier, compte tenu de l’épidémie en cause et du contexte. La surveillance à base communautaire est un exemple de type de surveillance qui utilise des définitions de syndrome pour la détection.

Les définitions de cas peuvent porter sur les cas présumés, les cas probables et les cas confirmés, mais il peut aussi s’agir de définitions cliniques, épidémiologiques ou biologiques, comme indiqué dans le tableau ci-après.

Définition des cas présumés, probables et confirmés et exemple de maladie
Cas Définition
Cas présumé Il s’agit généralement d’un cas qui répond aux critères cliniques (c’est-à-dire les symptômes d’une maladie).
Cas probable La définition de cas probable comprend des critères cliniques et épidémiologiques, par exemple le contact étroit avec une personne contaminée. 
Cas confirmé La définition de cas confirmé suppose que la maladie ait été confirmée par des analyses biologiques.
Exemple : Définition de cas de fièvre jaune (OMS)

Cas présumé – Toute personne présentant une forte fièvre d’apparition brutale, accompagnée d’un ictère apparu dans les 2 semaines suivant les premiers symptômes.

Cas probable – Cas présumé ; et un des éléments suivants :

  • présence d’IgM antiamariles en l’absence de vaccination antiamarile dans les 30 jours précédant l’apparition de la maladie ; ou
  • histopathologie hépatique positive à l’autopsie ; ou
  • lien épidémiologique avec un cas confirmé ou une flambée.

Cas confirmé – Cas probable ; et absence de vaccination antiamarile dans les 30 jours précédant le déclenchement de la maladie :

  • mise en évidence d’IgM antiamarile spécifiques* ; ou
  • multiplication par quatre des titres d’IgM antiamariles ou des titres d’IgG entre le sérum de phase aiguë et celui de convalescence, ou dans les deux ; ou
  • mise en évidence d’anticorps neutralisants antiamarils spécifiques*.

ou

absence de vaccination antiamarile au cours des 14 jours ayant précédé l’apparition de la maladie :

  • mise en évidence par PCR du génome du virus amaril dans le sang ou d’autres organes ; ou
  • mise en évidence d’antigènes antiamarils dans le sang, le foie ou d’autres organes par des dosages immunologiques ; ou
  • isolement du virus amaril.

* La mention « anticorps antiamarils spécifiques » signifie que les résultats des épreuves de recherche d’anticorps (par exemple desIgM ou des anticorps neutralisants) d’autres flavivirus présents sont négatifs ou non significatifs. Ces épreuves doivent comprendre au minimum la recherche d’IgM antidengue et antivirus West Nile, mais peuvent porter sur d’autres flavivirus en fonction de l’épidémiologie locale (par exemple virus Zika).

L'incidence

Il est très important de bien comprendre la terminologie et de l’utiliser correctement dans la prévention et la lutte contre les épidémies. Plusieurs termes sont utilisés pour désigner les maladies et leur incidence dans une population, comme indiqué dans le tableau ci-dessous.

Exemples des différents types d’incidence d’une maladie

Terme

Explication

 Exemple

Absence de la maladie

Aucun cas de maladie répertorié sur une période plus ou moins longue

Absence de fièvre jaune dans les régions où les moustiques des genres Aedes et Haemagogus ne sont pas endémiques (Europe, Asie, Amérique du Nord, Océanie)

Cas sporadiques

Survenue peu fréquente et irrégulièrede cas

Un cas unique d’une maladie ou plusieurs cas sans lien entre eux au cours d’une période relativement longue

Maladie endémique

Présence permanente d’une maladie transmissible au sein d’une population. Le nombre de cas de la maladie est sensiblement le même chaque année, avec de légères fluctuations (hormis lorsque les programmes de prévention et de lutte contre la maladie entraînent une diminution du nombre de cas).

Le choléra est endémique dans une cinquantaine de pays d’Asie du Sud et du Sud-est, d’Afrique, et sur l’île d’Hispaniola.

Hyperendémie

Incidence élevée et constante d’une maladie

La méningococcie est hyperendémique en Afrique sub-saharienne.

Foyer

Ensemble de cas groupés dans l’espace et dans le temps, dont le nombre est supérieur au nombre escompté

Plusieurs cas de diarrhée ont été diagnostiqués en quelques jours dans une communauté; le nombre de cas est supérieur à la moyenne. Il pourrait s’agir d’une flambée, qui exige de mener des recherches plus approfondies (il pourrait aussi s’agir d’une augmentation artificielle liée à un renforcement des signalements).

Flambée

Incidence d’une infection supérieure à la norme locale, régionale ou saisonnière au sein d’une population.

Les flambées peuvent se produire dans des zones endémiques, lorsque le nombre de cas d’une maladie est nettement supérieur à la norme.

Elles peuvent aussi se produire dans des régions où la maladie n’était pas présente –deux cas liés suffisent. Un seul cas d’une maladie transmissible disparue de longue date d’une population ou causée par un agent (tel qu’une bactérie ou un virus) qui n’avait pas été identifié jusque-là dans la communauté ou la région, ou la survenue d’une maladie auparavant inconnue, peut aussi constituer une flambée.

Flambée de fièvre jaune suite à l’importation de la maladie

 

Flambée d’origine alimentaire après exposition à une même source 

Épidémie

Flambée de grande ampleur touchant une grande proportion de la population

Épidémie d’Ebola en Afrique occidentale entre 2013 et 2016

Pandémie

Épidémie présente dans plusieurs régions ou sur plusieurs continents, touchant généralement un grand nombre de personnes

Covid-19

Autres définitions clés pour comprendre l’incidence d’une maladie :

Contrôle d’une maladie : réduction de la fréquence d’une maladie et de ses conséquences à un niveau acceptable sous l’effet d’une action concrète.

Élimination d’une maladie : situation dans laquelle un agent pathogène a cessé de circuler naturellement dans une population.

Éradication : situation dans laquelle un agent pathogène ne circule plus du tout chez l’homme. On peut citer l’exemple de la variole (voir l’encadré ci-dessous).

Exemple d’éradication d’une maladie : la variole

À ce jour, la variole est la seule maladie infectieuse à avoir été éradiquée. Le dernier cas de variole a été isolé en octobre 1977 et l’éradication de la maladie certifiée en 1979. Plusieurs éléments ont permis d’éradiquer la variole : la maladie était facilement détectable car les patients développaient un rash caractéristique. En outre, l’intervalle entre l’exposition et l’apparition des symptômes était court, de sorte que la maladie ne pouvait se répandre très loin avant d’avoir été repérée. Enfin, la variole ne touchait que l’espèce humaine et ne se transmettait que d’homme à homme, et les personnes qui guérissaient développaient naturellement une immunité permanente contre toute nouvelle contamination. Pour toutes les autres personnes, la vaccination s’est révélée très efficace.

Mesurer l’incidence d’une maladie

La surveillance des maladies transmissibles repose sur la mesure de l’incidence. Le fait de suivre les fluctuations du taux d’incidence d’une maladie permet d’établir des seuils épidémiques. Cela permet aussi de surveiller le taux d’incidence, le taux de mortalité et le taux de létalité d’une maladie et donc d’apprécier l’efficacité des mesures de prévention et de lutte. Pour autant, les mesures établies grâce à la surveillance n’incluent que les cas diagnostiqués et signalés – il n’est pas rare que le nombre réel de cas soit beaucoup plus élevé, en particulier dans des contextes difficiles, où les gens meurent chez eux ou dans leur village et où les décès ne sont pas enregistrés.

On trouvera dans le tableau ci-après un résumé des mesures communément utilisées dans les épidémies, avec indication de l’utilisation qui peut en être faite dans les activités de prévention et de riposte, de manière à faciliter la planification.

Définition et utilisation des différentes mesures des épidémies

Mesure

Définition et calcul

Utilité et utilisation

Taux de mortalité brut

Taux de mortalité (toutes causes confondues) sur l’ensemble d’une population.

taux de mortalité brut = nombre de décès / (population exposée x nombre de jours) x 10 000 = nombre de décès / 10 000 personnes / jour

Permet d’apprécier la gravité de la situation

Seuil communément utilisé pour prendre des décisions et planifier l’action (par exemple, si une intensification s’impose)

Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans

Taux de mortalité (toutes causes confondues) des enfants de moins de 5 ans

taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans = nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans / (nombre d’enfants de moins de 5 ans exposés x nombre de jours) x 10 000 = nombre de décès / 10 000 enfants de moins de 5 ans / jour

 

Permet d’apprécier la gravité de la situation

Seuil communément utilisé pour prendre des décisions et planifier l’action (par exemple, si une intensification s’impose)

Indicateur plus précis que le taux de mortalité brut. On utilisera le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans si la mortalité de base est inconnue ou si elle n’est pas fiable.

Taux de mortalité de la maladie

Taux de mortalité d’une maladie donnée (par ex. rougeole ou choléra)

taux de mortalité de la maladie = nombre de décès liés à la maladie / (population exposée x nombre de jours) x 10 000 = nombre de décès / 10 000 personnes / jour

Permet de comparer le taux de mortalité du moment avec celui des épidémies précédentes ou d’autres maladies (ou taux de référence / taux de mortalité endémique de la maladie)

Suivi de la progression d’une épidémie

Taux d’incidence 

Nombre de cas nouveaux d’une maladie sur une période donnée, dans une population exposée à la maladie

taux d’incidence = cas nouveaux de la maladie / (population exposée x période) x 1 000 personnes = nouveaux cas dus à une maladie donnée / 1 000 personnes / semaine (ou mois)

Suivi de la progression d’une épidémie

Permet d’estimer le nombre de personnes susceptibles d’être contaminées

 

Taux de létalité  

Proportion de cas d’une maladie aboutissant à la mort. Autrement dit, taux de mortalité chez les personnes atteintes de la maladie

 

taux de létalité = nombre de décès dus à la maladie / nombre total de cas X 100 = %

Permet d’apprécier la progression d’une épidémie

Voir si les interventions fonctionnent/sont efficaces, en particulier la prise en charge des cas (par ex., en vérifiant si le taux de létalité diminue)

Permet d’établir des comparaisons avec les épidémies antérieures

Taux d’atteinte 

Risque de contracter une maladie sur une période donnée (par ex. durant une flambée). Peut également être exprimé sous la forme d’un taux d’atteinte par âge ou par sexe, ce qui permet de savoir quelles sont les personnes les plus vulnérables.

Taux d’atteinte = nombre de cas durant une flambée / population totale au début de la flambée x 100 = %

Permet de calculer le nombre de cas attendus durant l’épidémie en cours, de prévoir l’étendue de l’intervention, les ressources nécessaires, etc.

Donne des indications quant à l’ampleur des épidémies futures de la maladie

Ratio de reproduction de base (Ratio0 ou R0) (ou nombre de reproduction de base)

Le nombre de reproduction de base doit être estimé, spécifié et manié avec beaucoup de précautions, car il s’agit d’une unité de mesure pour le moins complexe.

Le nombre de reproduction de base est rarement mesuré directement et les valeurs modélisées de ce ratio dépendent de la structure des modèles et des hypothèses. Certaines valeurs du nombre de reproduction de base figurant dans la littérature scientifique sont probablement obsolètes.

Le ratio de reproduction de base (R0), également appelé nombre de reproduction de base, est une unité de mesure épidémiologique utilisée pour indiquer le degré de contagion ou la transmissibilité d’agents infectieux. Il est déterminé par de nombreux facteurs biologiques, socio-comportementaux et environnementaux qui régissent la transmission des agents pathogènes. Le nombre de reproduction de base n’est pas une constante biologique d’un pathogène, un chiffre intemporel ou une mesure de la gravité d’une maladie, et les campagnes de vaccination sont sans incidence sur celui-ci.

Déclaration du début et de la fin des épidémies

Le statut officiellement déclaré d'une épidémie est non seulement important pour déterminer les actions de prévention et de contrôle, mais il affecte également les secteurs sociaux, économiques, politiques et sécuritaires d'un pays. Les gouvernements - ministères de la Santé, autorités sanitaires locales ou autres autorités - ont le pouvoir et le mandat de déclarer l'apparition d'une maladie épidémique. Les Sociétés nationales ne doivent pas déclarer de flambées épidémiques, mais elles peuvent néanmoins mener des actions de santé communautaires appropriées pour faire face à une suspicion de maladie infectieuse, qu'une flambée soit déclarée ou non.

Raisons de déclarer une épidémie

La déclaration précoce d'une épidémie par les autorités sanitaires peut permettre une réponse plus rapide en matière de santé publique et renforcer le soutien économique à mesure que les secteurs concernés mettent en œuvre des actions de riposte. Une déclaration peut également modifier certaines procédures pour faciliter la lutte contre une épidémie. À titre d'exemple, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que lorsqu’une épidémie de choléra est déclarée, toute personne présentant ou mourant d'une diarrhée aqueuse aiguë soit enregistrée et signalée comme un cas suspect, sans confirmation de tous les cas en laboratoire. La déclaration d'une épidémie peut faciliter les procédures d'importation de médicaments et d'équipements nécessaires ou accélérer le déplacement d’équipes chargées de déterminer la cause de la maladie, si nécessaire.

La déclaration d'une pandémie relève de la responsabilité de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et déclenche normalement l'adoption par les autorités sanitaires du monde entier d'une série de mesures de santé publique. Il peut s'agir, par exemple, de l'obligation de porter un masque dans les lieux publics ou de mesures plus radicales telles que la restriction des voyages ou des échanges internationaux.

Les critères permettant de déclarer une flambée, une épidémie ou une pandémie dépendent du type de maladie et des autorités (par exemple les ministères de la Santé) ou des institutions (par exemple l'Organisation mondiale de la santé) en charge des orientations techniques pour la lutte contre les flambées. Par exemple, dans le cas du choléra, le Groupe de travail mondial de lutte contre le choléra (GTFCC) établit que si au moins un échantillon est positif par culture et/ou réaction en chaîne par polymérase (PCR), une épidémie doit être déclarée et des mesures de contrôle doivent immédiatement être mises en place.

Défis liés à la déclaration d’une épidémie

Une déclaration par une autorité gouvernementale peut stimuler le financement au niveau national, par exemple, entre le gouvernement national et les autorités locales pour la mise en œuvre de mesures de contrôle et de riposte, ou au niveau international lorsque le financement provient d'organisations internationales et de bailleurs. Dans les endroits où l'accès aux services de santé est limité et les infrastructures insuffisantes, une déclaration d'épidémie peut être perçue comme une "opportunité" d'apporter non seulement des fonds, mais aussi d'autres infrastructures indispensables pour s'attaquer aux causes sous-jacentes d'une maladie. Les responsables doivent être conscients que les communautés peuvent interpréter à tort une situation de risque élevé pour la santé de la population comme une chance d'obtenir des avantages qui pourraient être irréalistes ou irréalisables sans déclaration d'épidémie. C'est souvent le cas des épidémies de choléra qui peuvent être perçues comme une opportunité d'apporter des emplois, des formations et/ou des infrastructures d'eau et d'assainissement. Si certains de ces avantages peuvent effectivement suivre une déclaration, ils sont souvent temporaires. Les améliorations durables dépendent des compétences techniques et de supervision sur une période prolongée, d'un soutien public durable et de la disponibilité de budgets adéquats. Les Sociétés nationales doivent plaider en faveur de la mise en œuvre d’activités de prévention plutôt que de soutenir un discours qui s'appuyerait sur des crises épidémiques pour favoriser le changement.

D'autre part, il est important de noter que les gouvernements peuvent parfois craindre que la déclaration officielle d'une épidémie ait un impact négatif sur des secteurs importants de l'économie tels que le commerce ou le tourisme, ou que la déclaration donne l'image d'un pays qui a échoué à fournir les services de base à sa population (par exemple, l'eau potable et l'assainissement dans le cas des maladies transmises par l'eau). Ces facteurs peuvent amener les autorités à retarder la déclaration ou à ne pas déclarer une épidémie. Par exemple, en 2008, le président Robert Mugabe a déclaré "il n'y a pas de choléra" malgré une épidémie de plus de 16 000 cas au Zimbabwe. D'autres conséquences peuvent inclure des sanctions à l'encontre des agents de santé ou des médias lorsqu'ils rendent compte de la situation ou même lorsqu'ils mentionnent le nom de la maladie épidémique. Par exemple, bien que les cas dans une communauté puissent répondre à la définition de cas de choléra, un gouvernement peut être réticent à déclarer une épidémie et peut également mal recevoir l'utilisation du mot "choléra". Le choléra est un type de diarrhée aqueuse aiguë (DAA), et les acteurs humanitaires travaillant dans de tels contextes peuvent être amenés à parler de cas de DAA si les autorités sanitaires n'ont pas confirmé la présence du choléra.

Ceci entraîne des difficultés pour le système de santé à gérer la charge de travail, retarde les chaînes internationales d'approvisionnement en médicaments, et compromet les efforts de coordination et de partage d'informations entre les acteurs en charge de la riposte, entre autres obstacles. Travailler dans de telles circonstances peut s'avérer particulièrement difficile pour les Sociétés nationales qui souhaitent agir pour le bien-être de leurs communautés, mais aussi soutenir et adhérer aux politiques des gouvernements dont elles sont les auxiliaires.

Que doivent faire les SN en cas d’épidémies qui n'ont pas été officiellement déclarées ?

Voici quelques conseils d'ordre général à l'intention des responsables d’opération. Une compréhension du contexte spécifique est nécessaire pour évaluer leur pertinence :

  • Se méfier du vocabulaire utilisé pour décrire la maladie afin de minimiser les conflits et de maintenir l'espace humanitaire nécessaire.
  • S’assurer que les volontaires comprennent les symptômes de la maladie en question et continuer à soutenir l'identification précoce et l'orientation des cas potentiels vers les établissements de santé. Les actions de prévention et de riposte pertinentes lors d’un niveau d'alerte de surveillance faible restent pertinentes et les volontaires peuvent donc les poursuivre, bien qu'à une échelle plus réduite que celles souhaitées.
  • Recueillir des informations auprès de diverses sources fiables pour comprendre la situation épidémiologique et en discuter avec les bureaux régionaux de la Fédération internationale au cas où des fonds seraient nécessaires, même s’ils pourraient être plus difficiles à mobiliser sans une déclaration officielle.
  • S'assurer que les communautés et les volontaires comprennent que la déclaration du début (ou de la fin) d'une épidémie est souvent une décision politiquement chargée qui affecte la manière dont les différents acteurs vont réagir. Les responsables doivent identifier les acteurs clés des secteurs d'intervention, de la surveillance à la gestion des cas, et veiller à ce que l'information circule autant que possible.
  • Informer les équipes logistiques que l'importation de certains articles peut être difficile, et que cela doit être pris en compte dans les délais d'approvisionnement.
Déclarer la fin d'une épidémie

Pour définir la fin d'une épidémie, il faut estimer le risque d'apparition de cas futurs à l'aide de méthodes quantitatives objectives. La fin d'une épidémie permet aux autorités sanitaires d'abaisser le niveau d'alerte des efforts de surveillance, de réaffecter les ressources de santé à d'autres questions de santé, de rétablir les horaires de travail habituels des travailleurs de la santé et de commencer les efforts de relèvement.

Tout comme pour la déclaration du début d'une épidémie, les critères pour déclarer sa fin dépendent du type de maladie et des autorités en charge de l’assistance technique. Dans le contexte d'une épidémie de maladie à virus Ebola (MVE), par exemple, la fin est déclarée après 42 jours consécutifs (c'est-à-dire deux fois la période d'incubation la plus longue) d'absence de cas enregistrés depuis le résultat du dernier cas détecté. L'issue est définie comme le deuxième test PCR négatif des échantillons sanguins ou un enterrement sécurisé si la personne est décédée. Un autre exemple de critère établi pendant l'épidémie de choléra de 2017-18 au Soudan du Sud a été l'absence de nouveaux cas signalés pendant sept semaines.

La déclaration de la fin d'une épidémie et les critères utilisés peut toutefois être problématiques pour diverses raisons et les responsables doivent être attentifs aux problèmes potentiels. Par exemple, la possibilité d'une recrudescence des cas par des voies de transmission moins courantes, par exemple la transmission sexuelle pour la MVE, par des cas sous-déclarés en raison de systèmes de surveillance limités ou insuffisants, ou par des cas asymptomatiques. Une étude récente (Bimandra et al., 2021) a montré que les critères actuels de l'OMS pour déclarer la fin d'une épidémie de MVE pourrait être trop courts et trop sensibles à la sous-déclaration.

Pour un large nombre de maladies, les Sociétés nationales peuvent jouer un rôle clé en soutenant les activités de surveillance communautaire pendant et après la fin officielle d'une épidémie afin d'identifier les cas potentiels, même après la déclaration de la fin d'une épidémie (voir: https://www.cbsrc.org/francais).

La coordination
Coordination entre différents secteurs et différentes institutions

Coordination entre les différents secteurs

  • Coordination entre les différentes institutions et les différents secteurs, notamment concernant les programmes relatifs à l’eau, l’hygiène et l’assainissement (EHA), à la santé, à la nutrition et aux abris.
  • Coordination des volontaires.

Coordination inter-institutions

  • Coordination et gestion des camps – Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour les personnes déplacées dans leur propre pays sous l’effet de conflits et Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans les situations de catastrophes
  • Protection – HCR pour les personnes déplacées sous l’effet de conflits et HCR/Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH)/Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) dans les situations de catastrophes et pour les civils victimes d’un conflit autres que les personnes déplacées
  • Dans les lieux accueillant des réfugiés, le HCR fait aussi en sorte de promouvoir et/ou participe à l’action visant à améliorer l’accès aux soins de santé; aux services de santé mentale et de soutien psychosocial; de santé sexuelle et de la procréation et de lutte contre le VIH; de nutrition et de sécurité alimentaire; et la gestion de l’information sanitaire.
  • Abris d’urgence – HCR et Fédération internationale.
  • Santé – Organisation mondiale de la Santé (OMS).
  • Télécommunications d’urgence – Programme alimentaire mondial (PAM).
  • Logistique – PAM : Le PAM peut prendre part à des programmes de distribution de nourriture ou d’aide alimentaire sous forme de transferts monétaires dans les situations de crise humanitaire, y compris dans les situations de flambée épidémique.
  • Éducation – UNICEF et Save the Children
  • Nutrition/UNICEF : L’UNICEF peut aussi aider les pays à mettre en place des mesures visant à renforcer les volets santé de l’enfant et du nouveau-né dans les plans d’intervention d’urgence, à faire diminuer le risque de violence fondée sur le genre et à déployer des moyens humains dans les régions concernées. L’UNICEF fournit en outre des médicaments, des vaccins et d’autres fournitures médicales aux enfants et aux femmes.
  • Relèvement rapide – Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
  • Coordination – Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).